« Nos Beaux-Arts ont été institués, et leurs types comme leurs usages fixés, dans un temps distinct du nôtre, par des hommes dont le pouvoir d’action sur les choses était insignifiant auprès de celui que nous possédons. Mais l’étonnant accroissement de nos moyens, la souplesse et la précision qu’ils atteignent, les idées et les habitudes qu’ils introduisent, nous assurent des changements prochains et très profonds dans l’antique industrie du Beau. Il y a dans tous les arts une partie physique qui ne peut plus être regardée ni traitée comme naguère, qui ne peut plus être soustraite aux entreprises de la connaissance et de la puissance modernes. Ni la matière, ni l’espace, ni le temps ne sont depuis vingt ans ce qu’ils étaient depuis toujours. Il faut s’attendre que de si grandes nouveautés transforment toute la technique des arts, agissent par là sur l’invention elle-même, aillent peut-être jusqu’à modifier merveilleusement la notion même de l’art*. »
* Paul Valéry, « La conquête de l’ubiquité », Pièces sur l’art, Paris, 1934, cité par Walter Benjamin, L’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique (1939), traduit par Maurice De Gandillac et Rainer Rochlitz, Paris, Éditions Allia, 2003, p. 7.